vendredi 28 avril 2017

Voir à travers

Tout le mal que je pense de toi,
Tout le bien que je pense de toi,
Une maille à l’envers,
une maille à l’endroit
Tisse la trame
d’une drôle de cotte de maille
Aimante et aimantée,
attirée
Par ta transparence,
Par ta transparence...

Perdu dans les méandres de ta complexité
Navigant éreinté dans ce labyrinthe
dont tu détiens les clefs,
Je me demande
combien de grains de sables
pour traverser l’opaque,
pour atteindre le pur cristal,
pour découvrir
à travers le voile de l’illusion
la réalité,
la réalité...

Et combien de courage,
et de lunettes noires,
et de volonté
pour la supporter,
pour l’accepter
Sans être tenté
d’éteindre la lumière
d’enrayer les rayons
de ton soleil fier,
de ton soleil fier...

Tout le mal que je pense de toi
Tout le bien que je pense de toi
Quand je crois que je sais tout
Quand je sais que je ne sais pas
Je crois que j’ai peur
A trop bien regarder
De me voir
A travers toi
Tel que je suis
Tel que tu me vois,

Tel que tu me vois...


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jeudi 27 avril 2017

Qu’est-ce qui cloche ?


Ma mémoire me délivre des livres de mots insensés que je ne sais plus dire et si mal orthographier. A l’évidence, je décline et devant elle je m’incline.

Comme une machine à écrire, sensible aux sons de ma prose intérieure, je savais habiller mes phrases de mille atours chatoyants. Ma prose est aujourd’hui mise à nu quand l’âge sonne, et dans le plus simple appareil, rien ne résonne pareil.

Quand j’étais inspiré, quand j’avais des idées, quand j’étais décidé, quand ma plume glissait sur le papier, j’avais l’impression de voler.. Mais je n’ai pas travaillé.

Étais-je digne d’un don pareil ?


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mardi 25 avril 2017

Jody et sa Tante Laurence


Nous étions au mois de novembre et pourtant dans le village on commençait déjà à parler de Noël. Les enfants préparaient leurs lettres au père Noël, pas tous les enfants, dans les familles les plus démunies, on n’y croyait guère, qu’on soit sage ou diable, on ne recevait jamais grand-chose…
Jody était pauvre, bien sûr un enfant de huit ans n’a jamais beaucoup de sous en poche, mais les parents de Jody étaient pauvres, comme ses grands parents, comme son Tonton Eustache, comme sa Tante Laurence qui avait de la moustache et qui faisait si bien la mousse au chocolat ; elle lui nouait autour du cou une immense serviette qui lui descendait jusqu’aux genoux afin d’éviter qu’il se tâche.
Ah ! Tante Laurence, elle se privait de tout et donnait toujours aux quêtes, à toutes les quêtes, contre le cancer, pour l’enfance inadaptée, pour les petits enfants d’ailleurs et d’autre part, pour la recherche fondamentale, mais elle donnait surtout à Jody et à ses deux sœurs, chaque fois qu’elle pouvait, la petite pièce « pour acheter des bonbons » ou « pour mettre dans la tirelire », chère Tante Laurence, ce n’était pas grand-chose, sans doute, mais pour elle c’était une fortune et puis.. Elle donnait tant d’amour, de douceur, de patience, tout ce qu’en somme elle n’avait pu offrir que pendant vingt ans à son unique enfant mort pour la France, pour l’histoire, et pour rien.
Le père de Jody disait souvent « cette pauvre tante Laurence n’a plus toute sa tête », ce n’était pas méchant, bien sûr, vous savez les adultes sont tellement sûrs que ce qu’ils pensent ou font est bien qu’ils condamnent facilement ce qui ne leur ressemble pas ou ce qu’ils ne comprennent pas.
Pourtant Tante Laurence avait bien toute sa tête et même de la moustache en plus, et dans cette tête, il y avait des histoires toutes plus merveilleuses les unes que les autres, il y avait du rêve et de l’espoir envers et contre tout.

Jody se disait souvent que c’était plutôt dans la tête de beaucoup d’adultes qu’il manquait quelque chose..




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vendredi 21 avril 2017

Le rimmel coule, et alors?


Mémo d'avant, mes mots d'alors (7)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

Le rimmel coule, et puis quoi? Est-ce que ça change quelque-chose, est-ce que ça la gêne, la vie, nos larmes et nos cris? Est-ce que ça l'empêche de passer, dis-moi, qu'est-ce que ça peut changer?
Quand la pluie tombe, même en été, tu ne peux que te mettre derrière ton carreau et regarder, mais rien ne peut l'empêcher de tomber, tu ne peux que t'abriter, ou te mouiller, c'est trop bête, c'est trop peu de t'abriter, tu peux sourire, jouer l'indifférence, tricher, mais enfin, quoi, on n'est pas plus avancé.
Même le soleil, même la joie, c'est emmerdant, c'est pénible quand ça se met à trop chauffer, trop de joie et voilà une vie décolorée, sans intérêt le bonheur éternel, ce serait monotone, imagine, un soleil qui ne cesserait pas de briller, on en oublierait peut-être de vivre et de penser.
Un peu de joie et de détresse, de rires et de larmes mélangés, qu'y a t'il de mieux à espérer, quelle meilleure façon d'exister?


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jeudi 20 avril 2017

Haine et rancœur


Mémo d'avant, mes mots d'alors (6)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

Elle était née dans l’Aisne...
Elle avait un grain de beauté au creux de l’aine à l’orée de sa forêt de laine qui, frissonnant au souffle de mon haleine découvrait le vaisseau fragile, qui s’ouvrait dans sa longueur, qui tanguait dans sa langueur offrant sa cale magnifique, suppliait pour qu’on y plonge, pleurait des larmes magiques, inondant mes lèvres de bonheur.
Dans la bibliothèque anglaise, j’ai prié pour que reviennent ses cuissons doux, ses boisons feuillus, et le nectar odorant de sa source.
Mais pourquoi se jouer l’immuable qui se joue de tout, quand tout est fini ? Pourquoi dire Ave l’avenir quand il n’y a plus rien ? car il n’y a plus rien que quelques souvenirs... Et pourtant, il y avait tant, dans le temps, tellement!
Quand est-ce qu’on rêve ? Ou alors, le mirage, l’illusion, c’était avant... Comme pour ces mondes engloutis, la cité d’Ys et l’Atlantide réunies, il faut buter, par hasard, sur le bord du bout d’un morceau des restes d’une amphore pour se convaincre que tout ça a vraiment existé...
La vie est ainsi faite, les poètes les séduisent, les sportifs les possèdent, et les banquiers les épousent... Tour à tour, selon la personne, on voudrait être le poète, le sportif, ou le banquier, mais on est seulement soi-même, alors reste la haine, et puis l’oubli avec les années...




































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samedi 15 avril 2017

Let’s moi tranquille !

Mémo d'avant, mes mots d'alors (5)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

Let’s go my dream
Aux portes du néant
Aux joies d’intérim
A mes rêves d’enfant

Let’s go my heart
Vers l’étoile d’amour
Au cœur des trente-deux cartes
Du labyrinthe des jours

Let’s go my freedom
Et ma fuite vers la mer
Pour sortir de cette room
Tous ces meubles m’enterrent

Let’s cry my heart
And my crazy dream
Au Cœur des trente-deux cartes
Du pays de mes rimes


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jeudi 13 avril 2017

A coeur t'entends?


Mémo d'avant, mes mots d'alors (4)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..


A cœur perdu,

A cœur t’entends ?

A cœur dément,

A cœur déçu.



A cœur, à cœur, j'ai mal au cœur,

La solitude, la nuit ça m'envahit,

Je tempête, je peste et je m'ennuie.

Erreur, rancœur, pâleur, j'ai peur...



A cœur, à cœur, perdue ma route,

Je vais, viens, m'énerve, me perds,

Choses établies, ma vie, en l'air.

Erreur, rancœur, déroute, je doute...



A cœur, à cœur, soleil et pluie,

Pareil, plus rien ne m'émerveille,

Ma plume est sèche, mes mots s'enraillent.

Erreur, rancœur, dépit, oubli...



A cœur ma vie,

Pauvre ma vie,

Déçue ma vie,

Perdue ma vie.


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